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02 décembre 2006

Figure de proue - Jean Baptiste Petit - Grognard de Napoléon

Hommage à un Grognard : Jean Baptiste Petit
Celles sur Ource - 2 Décembre 2006
En ce jour anniversaire de la bataille d'Austerlitz nous voulons honorer un acteur et témoin véritable de cette grande épopée qui marquera profondément notre inconscient national Né à Celles sur Ource le 30 juin 1784, Jean Baptiste Petit conscrit de l'An VIII, sergent des grenadiers du 69 régiment de Ligne participera de 1805 à 1814 à toutes les batailles livrées par la Grande Armée sous la conduite d'un génial capitaine.
Tout a commencé à Austerlitz. L'Empire avait un an. Nous venions de Boulogne où la Grande Armée s'apprêtait à envahir l'Angleterre qui venait de rompre la Paix d'Amiens. Tous nos maréchaux, futurs princes d'Empire, étaient là : Berthier, Ney, Masséna, Davout mais aussi Soult, Lannes, Murat. Le 25 aout 1804 nous avons reçu le même jour les Aigles de nos drapeaux et les premières croix de la Légion d'Honneur attribuées à 1500 des nôtres titulaires des armes d'honneur de la Révolution et du Consulat. L'Aigle et le ruban rouge, symboles d'une armée qui allait étonner l'univers.
Après une volte-face unique dans l'histoire militaire et après trois mois de marche forcée nous voilà au nord de Vienne non sans avoir au passage obtenu la capitulation de Mack et de la forteresse d'Ulm, première grande victoire de l'Empire. Il faisait froid ce soir du 1er décembre 1805 face au plateau de Pratzen alors que l'Empereur parcourait nos bivouacs à la clarté des torches allumées sur son passage.
Demain 2 décembre serait le premier anniversaire du sacre et demain le soleil d'Austerlitz se lèverait sur une éclatante victoire. "Soldats je suis contents de vous. Il vous suffira de dire. J'étais à la bataille d'Austerlitz pour que l'on vous réponde voilà un brave" J'y étais et je peux témoigner.
La paix de Presbourg signée avec l'Autriche, les Prussiens et les Russes restaient menaçants. En octobre 1806 nous surprendrons et étrillerons à Iéna puis à Auerstaedt les armées du roi de Prusse, du duc de Bruswick.et de Hohenlohe. Cuisante débâcle pour ces armées prussiennes qui nous méprisaient tant. Leurs restes seront sabrés par la cavalerie de Murat au-delà de Weimar et jusqu'à Berlin. Restaient les Russes de Bennigsen. Ils nous entraineront en plein hiver, dans un pays de plaines immenses, de marais innombrables, de dégels brusques, de boues gluantes.
Difficile campagne de Pologne. Golimine et Soldau seront prises mais les Russes nous échapperont et se replieront derrière la Vistule. La bataille décisive aura lieu à Eylau en février1807. Il fallut prendre la ville rue par rue, maison par maison, et jusque dans le cimetière, au beau milieu d'une terrible tempête de neige. La plus forte charge de cavalerie de l'histoire 80 escadrons, 8000 cavaliers, décidera de la victoire. Affreuse boucherie sans résultat. Nous prendrons Dantzig puis Koenigsberg mais il faudra attendre l'été pour renouer avec une victoire décisive. Friedland vaudra Austerlitz. Les Russes accepteront enfin de traiter à Tilsitt.
Pourquoi fallait-il s'engager en Espagne. Seule campagne qui ne nous fut pas imposée et qui commença si mal avec la capitulation en juillet 1808 du général Dupont à Bailén et le désastre de Cintra. Le temps de resserrer à Erfurt l'alliance franco-russe et voilà l'Empereur et la Grande Armée en route vers l'Espagne. Nouvelle série de victoires à Burgos, Guenes, Espinossa . Au col de Somosierra dans la sierra du Guadarrama, les cavaliers polonais ouvrent la route de Madrid à la cavalerie de la Garde de Bessières. Joseph sera établi sur le trône d'Espagne et la Grande Armée rentrera en France en laissant à Soult et à Ney le soin de pacifier la péninsule.
Guerre inexpiable qui se prolongera jusqu'en 1814. Dos de Mayo immortalisé par Goya. Soulèvement impitoyable de tout un peuple enragé, femmes et curés en tête, appuyé par les Anglais de Wellington, que nous bousculerons à Rodrigo et Fuentes de Onoro. Terribles souvenirs. Que de cruauté de part et d'autre. Long et sanglant calvaire.
Nous croyant affaiblis l'Autriche menacera à nouveau. "Puisque l'ennemi est têtu, il faut l'exterminer" dira l'Empereur aux 200.000 hommes de l'Armée d'Allemagne à nouveau en route vers Vienne. Nouvelles escarmouches et nouvelles victoires en 1809 à Eckmühl et Aspern mais échec à Essling.
A bout de souffle et ébranlé par la mort du maréchal Lannes, le sage de l'armée, que nous pleurerons tous, Napoléon, blessé à Ratisbonne, hésitera. Nous voilà retranchés dans l'ile de Lobau, attendant les renforts de l'armée d'Italie. Quarante jours plus tard nous repasserons le Danube à la faveur d'un violent orage et accrocherons l'ennemi à Wagram, combats mal engagés par les Saxons de Bernadotte, il fallut pour vaincre l'intervention d'une batterie de plus de cent canons et les charges répétées de la cavalerie du général Lassalle, ce légendaire hussard, qui mourra au combat. Epuisé l'ennemi négociera la paix de Vienne et Napoléon nous ramènera en France pour célébrer son mariage avec Marie-Louise, fille de l'empereur d'Autriche.
La fête ne dura pas longtemps. Le Tsar Alexandre rompra ses engagements. En 1812 la Grande Armée forte de 500.000 hommes de toutes nationalités passera le Niémen. Retenu en Espagne face à Saragosse, je n'y étais pas mais les gazettes nous ont appris les couteuses batailles de Smolensk et de la Moskova, l'entrée dans Moscou désertée, l'incendie de la ville, la retraite et le sacrifice des sapeurs du général Eblé au passage de la Bérézina.
Lente agonie d'une troupe qui sans cesse harcelée par les cosaques de Koutouzof, perdra 300.000 des siens. Seuls 30.000 rescapés à peine rejoindront Vilnius dont les magasins étaient vides. De la Garde, il ne restait que 1500 grognards.
L'Europe alors se dressera toute entière contre nous tandis qu'à Paris déjà beaucoup tramaient. Nous vaincrons encore à Lützen et Bautzen puis à Dresde mais ces batailles n'étaient pas décisives et les lieutenants de Napoléon étaient battus en Silésie et en Brandebourg.
A Leipzig en aout 1913 nous ferons face pendant trois jours aux assauts de 300.000 coalisés. Nous étions près de l'emporter mais la défection des Saxons et des Wurtembergeois au milieu des combats forcera à un repli de nuit et par un pont unique au prix du sacrifice de 20.000 des nôtres. Première et immense victoire des coalisés. 400.000 hommes vont converger vers la France.
La campagne de France de 1814 sera la dernière, la plus belle peut être. Celle d'une poignée de rescapés et de jeunes conscrits, affamés et épuisés, courant dans la bise de Champagne pour surprendre et battre un ennemi quatre à cinq fois supérieur en nombre. Admirable courage et sang-froid de ces Marie-Louises. Les victoires de Montmirail, Champaubert, Château Thierry, Vauchamps, Mormant, Nangis, Montereau, Brienne le Château ne suffiront pas à forcer le destin.
Nous serons vaincus à Arcis sur Aube et les coalisés marcheront sur Paris tandis que Bordeaux et Toulouse tombaient aux mains de Wellington.
L'Empereur abdiquera le 6 avril 1814. Mon épopée au service de l'Empire et de la France s'arrêtera à Orléans où je quittais définitivement le 69iéme de Ligne. Le sergent Jean-Baptiste Petit rejoint Celles sur Ource et se marie le 6 février 1815 avec Jeanne Langry. Il se mettra alors au service de ses concitoyens comme garde-champêtre et employé municipal.
La gloire pourtant ne le lâchera pas et le 29 mars 1845 il sera fait chevalier de la Légion d'Honneur sur proposition du Préfet de l'Aube. Ce n'était que justice.
Après l'Empire la suppression de la Légion d'Honneur fut parfois envisagée mais nul n'osera le crime. Le prestige et la gloire acquis par tant de victoires éclatantes et de sacrifices lui permettront de surmonter toutes les épreuves. Elargie aux mérites civils, comme l'avait voulu le Premier Consul Bonaparte, elle accompagnera toutes les péripéties de notre histoire et s'identifiera à la France et aux mérites de Français.
Jean baptiste Petit décédera le 13 octobre 1865.

Général (2s) Paul FONT


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